Saul Leiter - le flâneur de la couleur
Saul Leiter, parmi les grand maîtres, est totalement atypique.
contemplatif et résolu.
L'impression des clichés de Saul Leiter, est que le temps n'a pas de prises sur lui, il se promène et déclenche quand l'émotion est au rendez-vous, des aplats de couleurs profondes, une image découpée par des plans qui forment un espace négatif, des flous de buée, et toujours ce surréalisme poétique, quelle vision du monde ...
Des rendus d'ambiance, des atmosphères
« Il y a beaucoup de choses magnifiques autour de nous, et les gens ont tendance à ne pas le remarquer. »
La photographie, c'est un rapport spécial avec le temps
Si il y a bien un medium intimement lié avec le temps, c'est bien la photographie et Saul Leiter n'est pas pressé, il sait l'utiliser, l'apprécier. Nombre de ses clichés, semblent être pris depuis la terrasse d'un café ou depuis le banc d'un parc.
Le jeune Saul était promu à devenir un rabbin comme son père et il fréquenta une école rabbinique
Puis Saul tenta la couleur. Ne pouvant se payer les pellicules ainsi que le traitement en laboratoire, il s’essaya aux merveilleux accidents de pellicules par trop âgées et de traitements peux onéreux, et donc peux scrupuleux dans une reproduction exacte de la colorimétrie. Ces accidents furent un déclencheur pour Saul et constitutifs de son style qui mêle couleurs et abstraction.
Il opte souvent pour un format vertical, et joue avec les espaces négatifs (le vide laissé autour du sujet), qui viennent renforcer, souligner, l'impact graphique du cliché. Une autre de ses techniques, consiste à utiliser les reflets comme espaces négatifs. Et puis l’abstraction.; seuls les éléments graphiques renforcés par la couleur, comptent, impriment, même en présence d'individus. De fait l'individu n'est ni magnifié, ni satirisé, nous ne sommes jamais dans une forme de dénonciation, de misérabilisme, mais bien dans une approche bienveillante et calme, ou les détails du quotidien font le sel de la vie. Les photos, sont le plus souvent, prises à hauteur de l'observateur à sa table de café, me rappelant furieusement l'approche esthétique des films de Jacques Tati. Si la photo est la mise en scène de la lumière, Saul Leiter ajoute la dimension couleur en faisant vibrer des aplats qui se répondent.
"La rue, c’est comme un ballet, vous ne savez jamais ce qui va s'y passer"
"L'important, ce n'est pas où, ni ce que c'est, mais la manière dont on le voit"
“I spent a great deal of my life being ignored. I was always very happy that way. Being ignored is a great privilege. That is how I think I learned to see what others do not see and to react to situations differently. I simply looked at the world, not really prepared for anything.”